David Lepidi, avocat de l'association Equipes d'action contre le proxénétisme, partie civile au dossier du Carlton, réagit à l'ouverture par le parquet de Lille d'une enquête préliminaire pour viol en réunion et revient sur la notion de proxénétisme.
David Lepidi, avocat de l'association Equipes d'action contre le proxénétisme, partie civile au dossier du Carlton, réagit à l'ouverture par le parquet de Lille d'une enquête préliminaire pour viol en réunion et revient sur la notion de proxénétisme.
Le parquet de Lille vient d'ouvrir une enquête préliminaire pour des faits de viol en réunion. Avez-vous un commentaire ?
Ce n'est pas parce qu'une femme a été rémunérée, qu'il y avait un contrat entre un client et une prostituée qu'il n'y a pas eu manquement à ce contrat. Et si manquement il y a eu, si la preuve est apportée – ce qui est le plus difficile – la justice se prononcera sur une éventuelle qualification pénale, viol ou pas.
Je m'étonne toutefois dans cette affaire que le parquet ouvre une enquête préliminaire deux mois après la dénonciation des faits par les juges [le 28 mars]. Le procureur aurait-il voulu attendre la fin de la séquence présidentielle ? On n'applique pas la loi en fonction des opportunités politiques.
Les avocats de Dominique Strauss-Kahn contestent sa mise en examen pour proxénétisme aggravé. Qu'en pensez-vous ?
Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite.
Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente.
Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr.
En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».
Je ne commenterai pas les faits couverts par le secret de l'instruction. Mais ce n'est pas parce qu'une personne est mise en examen qu'elle sera déclarée coupable devant un tribunal. Une personne est mise en examen parce qu'il existe des indices graves ou concordants. Ensuite, est-ce que ces indices sont suffisants pour justifier le renvoi devant le tribunal ? Est-ce que ces charges ensuite sont suffisantes pour que cette personne soit déclarée coupable ? Le rôle du juge n'est pas de mettre en examen ou de renvoyer une personne devant un tribunal quand la culpabilité est certaine. Le rôle d'un juge est de réunir des éléments, à charge et à décharge, pour permettre un débat contradictoire. Je ne trouve pas les magistrats de ce dossier particulièrement à charge, ou à décharge. Ils font un travail pointu, ils sont déterminés.
Pensez-vous qu'il faille revoir la définition du proxénétisme dans le code pénal ?
Les définitions données par le code pénal sont très claires. Toute personne qui tire profit de la prostitution d'autrui sous quelque forme que ce soit, y compris en nature, tombe dans l'incrimination de proxénétisme. Cela va même plus loin car le fait de faire venir une "fille" rentre dans cette définition. Après, il faut savoir si la personne fait cela en conscience ou pas et si elle le fait dans un but déterminé ou non.