Dans leur ordonnance de renvoi en correctionnelle, les magistrats décrivent un «roi de la fête» ayant accompli un «acte matériel de proxénétisme». Selon eux, les soirées étaient organisées par l'ancien patron du FMI.
Après deux ans d'instruction, l'affaire dite du «Carlton de Lille» entre dans sa dernière ligne droite. Treize personnes ont été renvoyées devant le tribunal correctionnel pour «proxénétisme aggravé». Parmi elles, Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur du FMI. Le procès pourrait se tenir en 2014. Dans leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, dont Le Figaro a pris connaissance, les magistrats instructeurs reviennent longuement, en ne négligeant aucun détail, sur les déclarations de DSK, des autres mis en examen, des prostituées et de tierces personnes. Et concluent à la responsabilité de l'ancien leader socialiste après avoir examiné les trois questions clés d'un futur procès.
DSK savait-il que ses «conquêtes» étaient des prostituées rémunérées?
C'est l'un des points fondamentaux de cette instruction. Et l'un des plus épineux, car sur ce flou repose une partie de la défense de Dominique Strauss-Kahn. Selon lui, en effet, il n'a pas eu connaissance de la profession des jeunes femmes qui participaient aux soirées, ni du fait qu'elles étaient rémunérées. Pourtant, les témoignages recueillis rendent cette thèse douteuse aux yeux des juges d'instruction. Ainsi, cette prostituée, partie civile dans le dossier, qui affirme que «l'ensemble des personnes présentes ne pouvait ignorer» le fait qu'elle et d'autres étaient rémunérées, et qu'elles n'étaient par ailleurs «là que pour cela». Ou cette autre, surnommée Jade et également partie civile, qui taxe DSK de fausse naïveté en lâchant: «Je pense qu'il nous prend vraiment pour des cons.» Car, selon elles et des personnes tierces, l'âge et l'apparence des participantes laissaient peu de doute sur leurs activités.