Des fonctionnaires réputés de gauche ont été accusés à tort de corruption peu avant l’élection de Sarkozy, en 2007, avant d’être blanchis. Le préfet de police de Paris a été entendu dans ce dossier.
Le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, a été interrogé comme témoin assisté dans un dossier d'instruction visant la police des polices, l'IGS, suspectée - selon les révélations du Monde - d'avoir truqué, en 2007, une enquête sur un pseudo-trafic de titres de séjours ayant fait plonger des fonctionnaires réputés de gauche. Cible principale de ce «chantier», Yannick Blanc, patron du service de la police générale qui détonait, en juillet 2006, annonçant «des milliers de régularisations» d'enfants sans papiers. En pleine campagne 2007, il a été placé deux mois sur écoute puis a subi «quarante-huit heures de garde à vue arbitraire», selon son avocat, David Lepidi, «sans aucun indice de corruption», mais sur la foi de «procès-verbaux de synthèse de l'IGS déformant les déclarations» de ses subordonnées.
Ainsi, les dénégations de Dominique Nicot et Zohra Medjkoune, agents du «bureau des affaires réservées» - qui gère les demandes de régularisations d'étrangers - sur des passe-droits «en contrepartie de cadeaux et de sommes d'argent», devenaient des aveux accablants. Ce PV mensonger accuse à tort leur supérieur Yannick Blanc d'avoir été «au courant de toutes les interventions et manœuvres de Mme Medjkoune», laquelle a été mise en examen pour «corruption et trafic d'influence», ainsi que sa collègue Dominique Nicot et un troisième policier, Christian Massard, du service de protection des hautes personnalités (SPHP).
«Gri-gri». Ce garde du corps de Daniel Vaillant, député-maire PS du XVIIIe arrondissement de Paris, a vu ses bureaux au SPHP et à la mairie perquisitionnés, «et l'ordinateur du chef de cabinet de Daniel Vaillant a même été fouillé par l'IGS», dénonce Me Lepidi : «Atteint alors d'un cancer à l'œil, M. Massard n'a pas eu le droit de voir la mère de son fils, Mme Medjkoune, pendant trois ans.» Plus haut dans la hiérarchie, Bruno Triquenaux, chef du bureau des affaires réservées, a été mis en examen et suspendu de ses fonctions. Yannick Blanc ayant déposé plainte, la juge Jeanne Duyé s'est aperçue que l'officier de l'IGS Jean-Pierre Delcher n'était pas l'auteur du fameux PV de synthèse, absent à l'heure dite sur le document : «Pour ce qui est de la signature, ce n'est pas la mienne. Ce n'est même pas mon gri-gri. Ce n'est pas moi qui ai rédigé ce compte rendu», a déclaré Delcher selon le Monde. Si ce n'est lui, c'est donc un autre, plus haut placé à l'IGS.