C'est un jeune homme discret, de 34 ans, qui travaille ses dossiers dans l'ombre de son bureau quand d'autres paradent dans les médias. Me David Lepidi est l'avocat de l'ancien ministre Daniel Vaillant, et il défend aujourd'hui cinq fonctionnaires de police mis en cause par leur hiérarchie à partir d'une enquête présumée tronquée de l'IGS, la police des polices. Petit-fils de Jean-Charles Lepidi, un ancien député gaulliste de Paris, et fils de Bernard Lepidi, vice-président d'une formation de droite, proche de Nicolas Sarkozy, Me Lepidi n'a rien d'un gauchiste et vote même toujours à droite : "Je fais abstraction de toute considération politique quand je défends un client, quel qu'il soit. Quand on est avocat, il faut savoir se déprendre de ses amis et de ses ennemis politiques", explique-t-il.
David Lepidi, comme pour brouiller les pistes, fut un excellent gestionnaire de portefeuille dans une vie antérieure, et même consultant sur l'antenne de la très libérale Bloomberg TV, et son sentiment sur l'évolution des marchés financiers est toujours très sollicité. Comment alors est-il devenu en quelques jours l'homme qui fait perdre son sang-froid à Claude Guéant, à l'Assemblée nationale, en mettant au jour un complot présumé contre de hauts fonctionnaires réputés proches de la gauche ?
Police de Sarkozy
"Lorsque j'ai pris la défense de Christian Massard, le policier du SPHP (Service de protection des hautes personnalités), chargé de la protection rapprochée de Daniel Vaillant, j'étais convaincu qu'il allait disparaître dans les trois mois qui suivraient notre entretien, il était amaigri, malade... C'est la chose qui m'a profondément marqué." Il a passé 50 % de son temps de travail, près de 2 500 heures en quatre ans et demi, sur ce dossier. Il ne délègue jamais pour s'imprégner de la procédure en entier. Les victimes présumées de l'IGS n'ont jamais bénéficié de la protection juridique - la prise en charge de leur défense par l'administration -, contrairement à de grands flics, eux mis en examen.
"Je suis atterré de voir que Michel Gaudin, le préfet de police, a immédiatement apporté son soutien à un service de police accusé de faits graves, plutôt que de présenter ses excuses aux victimes de l'affaire", dit l'avocat. Ses clients blanchis par la justice, les magistrats entendent désormais faire toute la lumière sur les manipulations supposées des enquêteurs. David Lepidi n'a pas fini de croiser le fer avec la police de Sarkozy.